Pierre Georges Latécoère naquit à Bagnères de Bigorre le 25 août 1883.
Après de brillantes études au Collège de Bagnères et au Lycée Saint Louis à Paris il est reçu à I'Ecole des Arts et Manufactures.
Son père, Monsieur Gabriel Latécoère, est décédé en 1905 et sa mère, avec une énergie peu commune, a pris dès lors la responsabilité de l'usine de menuiserie mécanique que son mari avait créée en 1872.
Pierre Latécoère, sorti de l'Ecole Centrale en 1906, voit grand. Il développe l'usine paternelle et ajoute à l'industrie du bois celle de la construction du matériel roulant pour les tramways de la Bigorre, pour ceux de la Côte Basque et pour les chemins de fer coloniaux. Il obtiendra plus tard un contrat de la Compagnie des chemins de fer du midi, contrat d'une très grande importance, avec un minimum garanti de la construction de 10.000 wagons de marchandises.
Afin de compléter la fabrication de l'usine de Bagnères, il crée l'usine du Pont des Demoiselles à Toulouse.
Entre temps, la guerre de 1914 survint. Dégagé de toute obligation militaire à cause de la faiblesse de sa vue, Pierre Georges Latécoère s'engage dans l'artillerie. Au bout de quatre mois son général estime qu'il rendra plus de service à son pays à la tête d'une industrie que derrière un canon. Il fabrique alors à Toulouse, des obus de gros calibre et à Bagnères des cuisines roulantes. Mordu par le démon de l'air, il va ajouter une nouvelle branche à son activité : la construction d'avions.
Il obtient en 1917, la commande de 1.000 avions Salmson et en livrera 800 avant l'Armistice.Il crée à Montaudran, près de Toulouse, dans le temps record de 7 mois, une usine et un terrain d'aviation.
Le premier avion sortit des ateliers le 5 mai 1918, puis à la cadence de 6 par jour.
C'est au cours de l'un des vols de réception auxquels il participait très assidûment, qu'il conçut, le 25 mai 1918, l'établissement d'une Ligne France, Colonies d'Afrique et Brésil.
Ce projet fut soumis au Sous-secrétaire d'Etat de l'Aéronautique, le 7 septembre 1918.
Il fallut alors vaincre le scepticisme et les réticences qui accueillirent cette entreprise qui consistait, avec des appareils minuscules dotés d'un seul moteur à rayon d'action de 500 Kilomètres et dont les ailes étaient entoilées comme des cerfs-volants, vouloir leur faire traverser des continents, des montagnes, le désert de sable et l'Atlantique malgré la pluie et la tempête.
Pierre Georges Latécoère avait confiance dans la Ligne et il le prouva en payant lui-même de sa personne.
Le 25 décembre 1918, avec le pilote Cornemont, il effectua au-dessus des Pyrénées le trajet de Toulouse à Barcelone.
Le 9 mars 1910, avec le pilote Lemaître il franchit la distance de Toulouse à Rabat avec escale à Barcelone Alicante et Malaga. Il porte au Maréchal Lyautey qui le reçut sur le champ d'aviation, le Journal "Le Temps" acheté le matin à Toulouse et un bouquet de violettes à la Maréchale.
L'établissement d'une ligne d'aviation à travers l'Espagne avec des escales et des aérodromes et plus tard à travers le Rio de Oro en Afrique n'alla pas sans de très grandes difficultés. Son ami, Beppo de Massimi ancien pilote de guerre et directeur général de la Ligne Latécoère, s'efforça de les aplanir à Madrid et eut à lutter contre des influences hostiles tant espagnoles qu'allemandes.
La Ligne Toulouse Casablanca allait cependant fonctionner régulièrement et le courrier postal partit de France à partir de septembre 1919. Le succès que remporta la Ligne fût tel qu'elle sera empruntée par un Roi, deux Ministres Français et un Maréchal.
Elle avait comme pilotes, des hommes héroïques: un Daurat qui était chef d'exploitation, un Reine, un Mermoz, un Saint-Exupéry, un Guillaumet et tant d'autres dont certains payèrent de leur vie la régularité du courrier.Il fallait aller plus loin et franchir les 2800 Kilomètres qui séparaient Casablanca de Dakar à travers le désert, le Rio de Oro, malgré, les tribus insoumises qui en cas de panne se saisissaient des pilotes et du chargement des appareils. Les Lignes Aériennes Latécoère se prolongèrent jusqu'à Dakar le 5 mai 1923, et un service postal régulier entre Toulouse et Dakar fonctionna à partir du 31 mai 1925.
Pierre Georges Latécoère fût nommé Commandeur de la Légion d'Honneur le 23 août 1925 à 42 ans, il avait été fait Chevalier le 30 septembre 1920 et Officier le 20 septembre 1923.
En 1925, ses avions survolaient la Méditerranée lorsqu'il créa les liaisons Alicante-Oran, Marseille-Barcelone et Marseille-Alger.
Le 15 novembre 1926, Pierre Georges Latécoère s'embarquait à Bordeaux à destination de l'Amérique du Sud où il fut reçu par Paul Vachet.
Mais un souffle nouveau agitait l'atmosphère de l'Aéronautique; la CGEA fut achetée pour 30 millions de francs par la SUDAM, une entreprise de travaux publics du groupe Bouilloux-Lafont.
La Société des Forges et Ateliers de Constructions G.Latécoère qui avait été créée pour la fabrication du matériel roulant et qui avait succédé à la maison G.Latécoère, avait été, elle aussi, vendue à la Société Lorraine des Anciens Etablissements de Dietrich.
Pierre Georges Latécoère continua, à Montaudran la fabrication d'avions qui battirent des Records Mondiaux et, le 9 mai 1930 Mermoz sur l'hydravion Late 28 « comte de la vaulx » effectua la première liaison postale aérienne Saint Louis Natal à travers l'Atlantique Sud.
Il s'attaque alors au problème des hydravions de gros tonnage; Le premier sera le "Lieutenant de Vaisseau Paris" de 42 tonnes. Il crée, en 1930, une Base d'hydravions, à Biscarrosse dans les Landes.
Le 11 juillet 1931, Pierre Georges Latécoère se marie à Ribouisse avec Mademoiselle Granel. De ce mariage est né, le 9 juin 1932, un fils Pierre-Jean Latécoère que son père a tendrement chéri.
En 1937, Pierre Georges Latécoère fait construire en 3 mois à Anglet, une importante usine pour la fabrication d'hydravions. En 1939, il vend à Bréguet ses usines de Montaudran et d'Anglet et sa Base de Biscarrosse.
La Société Industrielle d'Aviation Latécoère (SIDAL) créée en 1922, construit en 1940, à Toulouse rue de Périole, une nouvelle usine d'où sortira en collaboration avec son Directeur Marcel Moine, le plus grand hydravion du monde le LATE 631 de 75 tonnes.
Telle fût la prodigieuse activité du Créateur de la Ligne, cette route nouvelle qui relia la France à ses Colonies et à l'Amérique du Sud.