Officier français, issu de l'aviation militaire. En poste au Maroc, mis en congé spécial pour préparer et réaliser la pénétration du tronçon aérien Casablanca-Dakar.
Spécialisé dans l'observation et la photographie aériennes, bien connu et apprécié du Maréchal Lyautey pour son dynamisme et sa connaissance du désert et de ceux qui le hantent, Joseph Roig s'avère dans l'esprit du Maréchal comme l'homme indispensable à la Cie Latécoère pour procéder à la préparation et à la mise en route du tronçon Casablanca- Dakar. Tronçon de 2.800 kilomètres dont 1.500 hérissés de difficultés car sous mandat Espagnol, ils échappent à l'autorité française. Tronçon de 1.500 kilomètres à très haut risque, du fait de l'incapacité des espagnols à contrôler efficacement cette immense étendue de désert qui, des frontières du Sud Marocain aux frontières de l'Afrique Occidentale française est ratissée par des bandes de Maures pillards et assassins, en marge de toutes lois. On les appelle « les Hommes bleus ».
D'Agadir à Port-Etienne, les pilotes courront en permanence le risque d'être égorgés, les avions et leur chargement pillés et incendiés... s'ils ont le malheur de tomber en panne.
Les bandes opèrent par groupes de 100 à 250 fusils. Joseph Roig sait tout cela et c'est parce qu'il le sait que le Maréchal Lyautey lui demande de se mettre à la disposition de la Ligne.
Dès la fin 1922, J. Roig est à pied d'œuvre. Il prend contact avec les militaires espagnols installés à Cap Juby et Villa Cisneros dans des positions fortifiées dont ils ne sortent qu'en de très rares occasions. En réalité leur autorité ne dépasse pas leurs fortifications. De plus, ils ne sont pas chauds devant une entreprise française qui en cas de « coup dur » parfaitement prévisible dans l'état du matériel aérien de l'époque, leur vaudra d'énormes ennuis.
Imperturbable, J. Roig fait ce qu'il a à faire. Par voie maritime il rejoint Cap Juby et Villa Cisneros, entrepose matériel et carburant et surtout, tente de neutraliser les pillards assassins par des accords avec leurs chefs.
Il réussira. Le 3 Mai 1923 un groupe de trois Bréguets XIV décollera de Casablanca et ralliera Dakar par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros et Port-Etienne. Pilotes Delrieu, Cueille, et Hamm. Mécaniciens Lefroid et Bonnord. Passagers J. Roig, évidemment et G. Louis courageux rédacteur en chef du journal « La Vigie Marocaine ».
Le 23 Mai, la Mission au complet sera de retour à Casablanca. Et pourtant les incidents auront été nombreux dont une panne en territoire dangereux. Mais tout finira bien, les pillards ayant raté le rendez-vous.
A J. Roig revient le mérite d'avoir réalisé sans coup férir le défrichage du terrible tronçon du désert.
Et si les négociations avec les espagnols pour autoriser le passage de la Ligne traîne deux ans en longueur, si des drames affreux ensanglantent plus tard le tronçon du désert J. Roig n'y est pour rien. Bien au contraire il est certain que si l'on avait utilisé les deux années perdues avec les espagnols à préparer soigneusement les choses avec les Chef des Maures... hélas Maîtres du désert... on aurait évité une grande partie des catastrophes qui, à un moment donné, ont bien failli stopper le rêve de P.G. Latécoère dans une grande flaque de sang.
Il a bien fallu d'ailleurs en passer, un jour, par là.
Mais les éminents services de Joseph Roig ne s'arrêtent pas à sa remarquable opération d'ouverture du tronçon du désert. Ses dons de négociateur reconnus, on l'envoie dès 1924, en Amérique du Sud pour préparer le tronçon de Natal à Buenos-Aires avec, si possible, bretelles aériennes sur les pays avoisinant le tracé futur de la Ligne France-Amérique du Sud. Il rentre en France en Octobre 1924 et déclare « Il n'y a pas à hésiter, pas une minute à perdre ». L'Amérique du Sud nous attend".
Collaborateur précieux et remarquablement efficace, ayant, dès le début assimilé et fait sienne la grandeur de l'entreprise, le nom de Joseph Roig est et restera indissolublement lié à la réussite de cette merveilleuse aventure aérienne française que fut la Ligne... Toulouse, Casablanca, Dakar, Natal, Rio de Janeiro, Buenos-Aires, Santiago.